Nausée
Le chien n'a aboyé qu'à moi
Alors que je me jetais
dans les quilles molles
Les pigeons équilibristes
Sur leurs moignons
m'ont regardée
Car ils n'ont que faire de l'existence
Eux
Qui sont tellement l'existence
J'ai roulé sans les toucher
Personne ne veut tomber avec moi
Une boule
Furieuse
Je regarde le monde
Il ne me regarde pas
Il me laisse rouler le long de cet oblique
l'horizon de mon être
Qui s'est perdu pour moi
Le chien n'a aboyé qu'à moi
Et tout ça danse sur ma poitrine
ça tourne frénétique... dément?
Et tout ça jongle avec ma tête
Je tourne, je tombe, je roule...
Je brûle
Et la poussière mourrait pour moi
pour mes genoux
mes coudes
Et quoi encore?
Elle n'a pas assez des pigeons?
Vautrés comme des petits anges
En morceaux plats sur le trottoir
(quelqu'un s'est amusé hier soir...)
Eux qui m'avaient regardée
Ecoeurés Mes lépreux
N'ont pas voulu de moi
Un soleil m'a épousé
Le chien d'est couché dans ses pas
J'ai brûlé le soleil
J'ai brûlé mon soleil
Les pigeons dans leur caniveau
Ont hoché têtes et moignons
A mon lamentable spectacle
(heureux de ne pas être moi...)
Le chien m'a dévoré au front.
Le soleil n'a brillé que pour moi.