Voir (et aimer)

 

 

Demain

Demain tu verras j’aurai grandi

 

En attendant regarde ces herbes

dis-toi que c’est vrai, que rien n’est plus vrai et brillant de misère

 

Aux blonds lendemains que la vie m’a promis

En enflant le premier souffle dans ma poitrine

Comme consolation d’une mort assurée

Comme une drogue fade pour cette agonie

Je ris et je bâille

 

Les vieux wagons rouillés ont chanté avec moi

Ils t’ont chanté au nez et les yeux pleins de larmes.

Et de temps.

 

Accroupi dans l’air plat et vêtu de mes mots

De mes doigts, de mes cheveux

Tu n’y crois pas

 

Et pourtant tes mains ploient sous le poids de ces preuves :

Le merle a chant varié

Et les pavés sont clairs en dessous

 

J’attendrai demain

Aujourd’hui tu ris si fort que tout le Monde en est ému

Je pleurerai, c’est sûr

 

Tout ce ciel, tous ces gens, tous ces champs et ces routes

Tout ce Monde entre nous

 

Un Monde merveilleux

 

Tu le sais

Chacun ici le sait

Chacun l’aime, chacun le bat

- Tu me battras aussi

Moi pas, car je connais déjà l’ivresse de faire couler le sang

le sang vivant... -

 

Les secrets se sont ouverts les flancs et les mots affolés

S’envolent, se heurtent à mort contre tes lèvres

Tu es embarrassé ( ! ? )

 

Lève-toi

Demain

Demain tu verras que toute aube est la même

Et que seuls nos coeurs fous déforment son éclat

 

Tu verras que chacun porte sa propre croix

- même toi -

Et aussi son auréole

- surtout toi -

En malédiction

- indécoiffable... -

 

Tu verras que le fer et la tuile et la tôle rouillée

Savent chanter plus fort que le bronze et le marbre

 

Tu verras j’aurai grandi

Plus nue et plus belle, et plus haute que jamais

Je dominerai comme un monument à l’Âme

Comme ces épaves informes rongée de vermine

Dont le soleil le soir fait l’hymne de la Pureté

 

Ainsi je serai

Tu fermeras les yeux, tu verras

Tu verras.

 

Ou peut-être pas

Et tu seras plus beau et bien plus grand encore.

 

 

 

 

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