Petites Echardes

 

 

Aux puits vides des paumes

Et aux lambeaux de vent que les cils égratignent

Courir plus vite encore

Franchir le mur de la douleur

Du corps

 

Une croix de soleil tatouée dans le mur

Les barreaux froids de la fenêtre

Et la lumière en auréole

 

Creuser les mains

Vider le coeur

Et puis le ventre tout entier

Le faire doux et pur

Pour accueillir le souvenir

 

Se vivre se survivre

Le sein chaud et les poings en sang

Crever les yeux du temps

 

Vivre dans la douce démence

De ce soir estropié

 

Se tendre la main à soi-même

Ou bien continuer à être

Celui qui tient sa propre tête

Sous l'eau

 

Et Dieu bouge les lèvres

 

Enterrer les vieillards Enterrer les bébés

Presser chaque paupière

Jusqu' à ce que ça pleure

 

Etendre ses chagrins au vent

Aux fils derrière la raison

Battre son linge

Comme on battrait son corps

 

Purger ses veines de la vie

Et labourer les ventres vierges

Les stériliser à jamais

Embrasser la misère

Sur sa poitrine maternelle

 

Avouer à l’arbre la corde

Renouer le collet du coeur

 

Décroiser les doigts de la terre de ceux du ciel

Porter le deuil insupportable

De l'horizon

Debout sur le rebord

De la fenêtre

 

Se tendre la main à soi-même

Une dernière fois sourire

Pour leur pardon

Insignifiant

 

 

Juste jeter du lest

Pour mieux s'élever.

 

 

 

 

 

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